Les avions ont leurs secrets et ils sont généralement très bien gardés. Mais aujourd'hui, je vous révèle l'un d'entre eux : pourquoi diable fait-il si froid à l'intérieur d'une cabine d'avion ?
Que ce soit bien clair entre nous : cet article ne concerne en aucun cas les habitués des
vols pour la Norvège et autres destinations où la fraîcheur prime. Car c'est généralement au retour de vos vacances passées sous les tropiques, toujours armé de votre short et de votre paire de tongs, que vous vous rendez compte à quel point il peut faire frisquet à bord d'un avion.
Alors oui, vous aimeriez croire à une délicate attention allouée par la compagnie aérienne responsable de votre vol, afin de réhabituer tous les passagers aux températures relativement basses qui les attendent chez eux. Que nenni ! La manœuvre s'avère seulement être un moyen contrôlé d'assurer un confort maximum dans la cabine toute entière. En effet, le thermostat affiche généralement entre 22°C et 24°C (avec des extrêmes allant de 18°C à 27°C en moyenne), des chiffres semblables à ceux que nous pourrions trouver dans un open space.
Ainsi, la température de votre cabine sera sensiblement similaire que vous montiez à bord d'un
vol Lille - Marseille ou que vous embarquiez pour un
vol à destination de l'Australie : la perception de la chaleur sera simplement différente selon les conditions climatiques auxquelles vous devrez faire face sur le tarmac, juste avant le départ. De plus, l'air conditionné est souvent éteint avant que l'avion n'atteigne une certaine altitude, d'une part pour économiser du carburant et d'autre part car les appareils plus lourds ont besoin de puissance supplémentaire pour décoller. Le contraste entre extérieur / intérieur est donc d'autant plus saisissant que certains passagers peuvent même s'endormir dans des positions assez insolites, transis par le froid de la cabine !
Mais il faut également garder à l'esprit que les passagers ne bougent que très rarement lors d'un vol et ne développent que très peu de chaleur corporelle "pour leur usage personnel", une raison de plus qui expliquerait cette sensation de fraîcheur perpétuelle. Dans un rapport exigé par la Chambre des lords du Royaume-Uni, le constructeur français Airbus a pourtant expliqué qu'en groupe, les voyageurs dégageaient bien trop de chaleur et que la température de l'air entrant devait ainsi être moins élevée que celle requise dans la cabine, afin d'équilibrer les comptes. Et comme le personnel de bord peut uniquement ajuster la température par zones, les passagers les plus frileux se plaignent régulièrement. Boeing, le rival américain d'Airbus, a d'ailleurs confirmé que les conflits étaient fréquents entre les passagers au repos et les membres d'équipage en activité : en effet, difficile de cerner quelle serait la température idéale pour le confort de tous, surtout sur un
vol Paris - Cayenne long de 9 heures !
Outre la question du confort, une raison plus "scientifique" vient d'être apportée par l'ASTM International, un organisme américain de normalisation des matériaux, grâce à une étude démontrant que beaucoup plus de personnes sont susceptibles de s'évanouir dans une cabine surchauffée, la faute à un état d'hypoxie qui se développe lorsque les tissus corporels ne reçoivent plus assez d'oxygène. C'est donc par mesure de précaution que la température maximum autorisée est de 32,2°C dans un avion, même s'il est quasiment impossible que vous atteigniez ce seuil, même sur un
vol à destination du Cap Vert par exemple. Car oui, 32°C, ça commence à faire beaucoup !
femme malade dans l'avion
© leungchopan / 123RF
Pour Patrick Smith, pilote et écrivain, si les passagers doivent se plaindre de quelque chose, ce n'est clairement pas de la fraîcheur des cabines d'avion : ces dernières sont en fait exceptionnellement sèches et n'atteignent que très rarement les 12% d'humidité, un taux plus faible que dans n'importe quel désert du monde ! C'est une des conséquences majeures des vols en haute altitude, où la teneur en humidité oscille entre le très faible et le néant absolu. Bien sûr, le fait d'humidifier les cabines pourrait sembler être LA solution idéale, mais ces équipements coûtent une fortune et la moiteur ambiante serait corrosive.
Donc si vous appréhendez d'attraper un mauvais rhume lors de votre prochain
vol Paris - Papeete, pensez simplement qu'il est préférable d'avoir froid que de transpirer à outrance : c'est toujours plus commode de se parer d'une couche de vêtements supplémentaire plutôt que de devoir en retirer...