Cela aurait pu être le voyage de leur rêve, mais pour ce couple de retraités bretons, l'escapade s'est transformée en cauchemar...
Une croisière anniversaire qui tourne mal
Pour célébrer leurs noces d'or, soit 50 ans de mariage, Jean 78 ans et Marie 80 ans, un couple originaire des Côtes d'Armor en Bretagne, s'est offert une
croisière en Méditerranée. Mais alors qu'ils avaient embarqué sur un des navires de la compagnie maritime MSC Croisières en direction des plus belles escales italiennes, le couple s'est fait débarqué sans ménagement avant même d'entamer leur voyage. Pourquoi ? Car Marie est atteinte de la maladie d'Alzheimer.
navire de croisière caché derrière les arbres
© costin79 / 123RF
Le 13 mai dernier, le couple costarmoricain arrive à Venise pour embarquer sur le bateau qui devait les transporter jusqu'en Grèce lors d'une croisière de huit jours. Une fois monté à bord, le retraité se rend compte que leur cabine ne ferme pas à clé de l'intérieur, or comme sa femme a la maladie d'Alzheimer, il veut éviter que celle-ci ne sorte de la cabine en pleine nuit. Il demande alors à un membre de l'équipage de sécuriser la porte de leur chambre, au cas où sa femme «confonde la porte des toilettes et celle de la sortie ». A partir de là, le calvaire pour Jean et Marie commence.
Un préjudice moral et financier
Le personnel de bord demande alors au couple de s’entretenir avec le médecin du navire qui établit son diagnostic, sans même ausculter la vielle dame : la seule solution pour la sécurité de la patiente et des passagers est de les faire débarquer tous les deux aussitôt que possible.
L'équipage décide alors de déposer le couple au port de Brindisi dans le sud de l'Italie, sans leur proposer d'alternative pour rentrer chez eux en France.
« Ils m’ont proposé de rester sur le bateau et de laisser ma femme derrière moi. C’est inhumain ».
Délaissés, livrés à eux-mêmes, Jean et Marie devront se débrouiller par leur propres moyens pour rejoindre leurs côtes bretonnes, et entre les billets d'avion, les nuits d'hôtel et les taxis, la note est salée : 900 euros en plus de leur croisière qui avait coûté 3200 euros.
Recours en justice possible ?
Dans les journaux locaux, le couple revient sur ce voyage désastreux qui devait pourtant leur faire sortir du quotidien tant éprouvant dû à la maladie de Marie. Pourtant, avant leur départ, Jean « reçoit l’aval du médecin traitant. Puis du gériatre qui suit Marie depuis six ans, à l’hôpital de Tréguier». Selon lui « personne ne leur a contre-indiqué cette escapade ».
« Même si nous n’avions pas émis de demande particulière concernant mon épouse lors de l’achat de cette croisière, nous avions pris toutes les mesures nécessaires pour qu’elle se sente en sécurité. Nous partions à six avec des amis. De plus, Marie est équipée d’un traceur qui permet de la géolocaliser facilement, si elle se perd. Nous n’avions donc pas d’inquiétudes particulières avant de partir. Ce n’était pas une folie ! ».
De son côté, la compagnie se défend auprès de la presse :
« Il était impensable de laisser une passagère souffrant de la maladie d’Alzheimer avec le risque qu’elle tombe à l’eau ou qu’elle erre sans savoir où elle va. Il aurait fallu qu’elle soit accompagnée d’une tierce personne veillant jour et nuit sur elle ». Un geste commercial devrait être proposé au couple.
Le vieil homme, qui n'en revient toujours pas, a contacté l'avocat de l'association France Alzheimer pour l'aider à réclamer un remboursement et un dédommagement auprès de l'agence de voyage de la compagnie MSC Croisière. Une affaire que l'association compte bien suivre de près.