A l’heure où le monde entier se masque pour se protéger et protéger les autres du Covid-19, la Suède résiste et a choisi de ne pas l’imposer à ses habitants… Pourquoi ?
Ni confinement, ni masque
Contrairement à la France et aux autres pays du monde touchés par la pandémie de Covid-19, la Suède n’a pas confiné ses habitants au printemps pour des raisons purement économiques. Les bars, restaurants, crèches, écoles et lieux publics comme les gares sont donc restés ouverts et le port du masque n’a jamais été ni recommandé, ni imposé. Depuis le début, la stratégie de ce pays de Scandinavie repose sur la distanciation sociale.
Pourtant, depuis le début de l’épidémie,
5 800 personnes sont décédées des suite du coronavirus en Suède. C’est l’un des pays les plus touchés au monde lorsque l’on fait le ratio nombre de décès / nombre d’habitants. En effet, fin août, le pays enregistrait 57 décès pour 100 000 habitants, des chiffres au niveau de ceux relevés aux Etats-Unis (55), en Italie (59), aux Royaume-Uni et en Espagne (62), des pays fortement touchés.
Alors que le port du masque devient obligatoire dans plusieurs villes de France et d’Europe, pourquoi la Suède reste le seul pays de l’Union Européenne à rejeter cette mesure de sécurité sanitaire ?
Les autorités jugent que celui-ci est inefficace dans la lutte contre le coronavirus. Pour l’épidémiologiste Anders Tegnell, le masque n’est pas nécessaire et pourrait même contaminer la personne qui le porte après l’avoir manipulé.
« Essayer de remplacer ces mesures par des masques ne fonctionnera pas »
« plusieurs pays qui ont introduit les masques connaissent maintenant une forte recrudescence ».
« Il peut y avoir des effets pervers induits par le port du masque, qui peut être contaminé et que l'on touche. »
Vague de polémiques
Cette politique sanitaire est jugée insuffisante pour les médecins et chercheurs. Une vingtaine d’entre eux ont signé une tribune dans le quotidien Aftonbladet pour interpeller M. Tegnell et l’Agence de santé publique suédoise afin qu’ils revoient leurs mesures sanitaires notamment en rendant le port du masque obligatoire.
En réponse, les autorités ont indiqué
“garder un oeil” sur l’évolution de la situation. Des mesures seront prises si nécessaire.
Pas de quoi rassurer les épidémiologistes comme KK Cheng, qui officie à l’Institut de recherche appliquée en santé de Birmingham, qui dénonce une stratégie
« irresponsable » et
« entêtée ».
« Si ceux qui pensent comme Anders Tegnell ont tort, cela coûte des vies, mais si moi, j’ai tort, quel dégât est-ce que cela fait ? » déplore-t-il.
Même incompréhension chez les habitants et les commerçants suédois comme Jenny Ohlsson, la gérante d’une boutique vendant des masques en tissu à Stockholm qui s’est indignée
"Je trouve cela un peu étrange. La Suède, en tant que petit pays, pense qu’elle sait plus que le reste du monde"
Nombre de cas en baisse
Malgré cela, si le nombre de cas repart actuellement à la hausse en Europe, en Suède et notamment à Stockholm, la capitale, les indicateurs sont au plus bas depuis mars... L'épidémie s'estompe dans le pays qui n'a jamais pris de mesures aussi drastiques que les autres pays européens.
A noter que la Suède est un pays accessible sans restrictions, seul un formulaire est à remplir pour les Français embarquant sur un
vol Paris Stockholm.