Le « Flight Shaming » ou la honte de prendre l'avion est en train de bouleverser le monde de l'aérien. Ce mouvement venu des pays scandinaves qui invite les usagers des transports à préférer le train à l'avion car moins polluants, s'invite aussi chez certains députés français. Certains vols intérieurs pourraient disparaître mais lesquels...
Émissions des gaz à effet de serre en France : avion 0,8% - train 0,1%
A la question « seriez-vous prêt à changer vos habitudes et à ne plus prendre l'avion pour vous déplacer ? » les réponses divergent. Alors que le mouvement « Flygskam », né en Suède il y a quelques mois et qui
invite les citoyens à préférer d’autres moyens de transport plus écologiques, fait de nombreux adeptes au nord de l’Europe, en France on est plus sceptiques.
Pourtant, cette mesure qui viserait à remplacer un vol intérieur en France par un trajet en train beaucoup moins polluant, est vivement défendue par des députés de l'opposition, qui voudraient supprimer certaines lignes aériennes jugées inutiles.
En France, selon le Bulletin statistique du trafic aérien commercial en 2018, environ 26,8 millions de passagers ont fait l'aller/retour en avion entre deux villes de métropole. Les Français sont donc nombreux à utiliser l'avion comme moyen de déplacement. Mais est-ce que ces trajets sont abusifs ? Peuvent-ils être remplacés facilement par des aller/retour en train ?
Arrêter l'avion pour sauver la planète ?
Selon une étude menée par le journal Le Monde, la «
majorité des vols en France pourraient être remplacés par moins de 5 heures de train ». C'est d'ailleurs une des propositions des députés Delphine Batho (Génération écologie) qui souhaiterait
interdire les trajets vers des destinations accessibles en moins de 5 heures de train, et de François Ruffin (La France Insoumise) qui lui propose l'interdiction de l'usage de l'avion
quand un autre mode de transport permet de faire le même trajet en 02h30 au maximum.
Selon le Monde, sur les 149 liaisons aériennes principales en France, 108 seraient tout de même réalisables si la formule de Delphine Batho est adoptée, soit ¾ du trafic aérien intérieur.
Les lignes facilement substituables
Parmi les vols intérieurs les plus facilement remplaçables par le train, on trouve le
vol Lyon - Marseille. Faire le trajet en avion entre ces deux grandes villes revient à 55 minutes sans compter les contrôles à l'aéroport, contre 107 minutes en train. Pourtant, plus de 51 000 passagers ont emprunté cette ligne en 2018.
Autre exemple, les
vols de Paris à Bordeaux, Nantes, Rennes ou encore Lyon, que les millions de passagers ont emprunté l'année dernière et qui auraient pu être remplacés par des trajets en TGV (2h30 pour un
train Paris Lyon ou moins de 3 h pour un
train Nantes Paris).
Une alternative difficilement réalisable à certains endroits
Il reste que des territoires en France sont difficilement accessibles en train et que l'avion est presque indispensable. On n'a pas encore creusé de tunnel sous la Méditerranée pour relier la Corse au continent (3,6 millions de passagers / an). Si au départ de Paris, on remarque que le train peut s'imposer comme une réelle alternative à l'aérien, en revanche plusieurs liaisons sont difficiles d'accès en train, faute de lignes directes :
Bordeaux - Nice : 9 heures en train / 1h20 en avion
Brest - Toulon : 8h53 en train / 1h50 en avion
Nice - Strasbourg : 8h44 en train / 1h15 en avion
Lille - Toulouse : 7h32 en train / 1h30 en avion