L’an dernier, à cause de la pandémie de Covid-19, les agences de voyage ont été contraintes de proposer des avoirs de longue durée à leurs clients dont les séjours avaient été annulés. Mais à l’heure où ces bons d’échange ne vont pas tarder à arriver à échéance, pourrez-vous réellement être remboursés si vous ne l’avez pas utilisé ?
Des avoirs qui arrivent à expiration
En mars 2020, l’épidémie de Coronavirus, et la crise sanitaire qui en a découlé ont contraint les agences de voyages et tour-opérateurs à annuler tous leurs voyages à forfait.
Face à une telle situation et afin de préserver la trésorerie des voyagistes, le 25 mars 2020, le gouvernement les a autorisé par le biais d’une ordonnance à proposer à leurs clients des
avoirs valables 18 mois au lieu de les rembourser comme cela est prévu par l’article L.211-14 du code du Tourisme.
En septembre 2021, les premiers avoirs vont arriver au terme de leurs 18 mois de validité. Les voyageurs, qui se sont vus proposer un avoir à la suite de l’annulation de leur voyage en mars 2020, et qui ne l’auront pas utilisé d’ici là,
devront alors être remboursés.
Mais en réalité, cela va être plus compliqué notamment du côté des agences de voyages qui vont avoir des difficultés à rembourser tous leurs clients lésés, faute de trésorerie suffisante…
globe monde voyage masque virus
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Les voyagistes en difficulté
Interrogé par TF1, le PDG d’Asia Voyages, Guillaume Linton l’a bien fait comprendre avec un exemple plus concret
"si, demain, une banque devait rembourser l'intégralité de ses clients, elle se retrouverait bien évidemment dans une situation très délicate."
Le montant des avoirs délivrés par les agences de voyages s’élève à 1.6 milliard d’euros selon l'Association Professionnelle de Solidarité du Tourisme (APST) qui garantit financièrement 75 % des agences de voyages françaises.
Selon elle, sur cette somme le risque net est de 500 millions d’euros, de ce fait, les agences de voyages seraient dans l’impossibilité de rembourser un demi milliard d’euros d’avoirs.
"Le risque, c’est que des opérateurs de tourisme en difficulté ne puissent pas être en capacité de rembourser" indique Cédric Dugardin, manager de transition à l’APST avant d’ajouter que
"cela pourrait entraîner des faillites, que nous devrions prendre en charge en tant que réassureur de ces sociétés".
Si le taux de faillite est de 1 % habituellement sur une année, en 2021, il pourrait atteindre 20 % selon l’APST.
un homme devant un tableau d'affichage des vols à l'aéroport
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La plupart des agences ont sanctuarisé les avoirs
De son côté, Guillaume Linton se veut également plutôt rassurant et indique toutefois que la plupart des agences de voyages ont
“sanctuarisé leurs avoirs”. Des propos qu’appuie également Emmanuelle Loop, avocate spécialisée dans le droit du tourisme
"On a demandé aux agences de sanctuariser ces avoirs depuis 18 mois. Elles ne les ont pas dépensés n'importe où, elles ont beaucoup provisionné, parfois même séquestré, et ont souvent traversé cette année de crise en contractant un prêt garanti par l'État".
L’APST rassure également
"Le voyageur a une garantie illimitée. Si l'opérateur est défaillant, il doit être remboursé. L'APST, comme d'autres garants, interviennent en ce sens." a souligné l’Association Professionnelle de Solidarité du Tourisme afin de rassurer les voyageurs en possession d’un avoir non consommé.
Ceux-ci sont toutefois invités à être compréhensifs et
“ouverts à d’autres solutions, et à utiliser d’autres acteurs comme les associations de défense des consommateurs, voire un juge au dernier recours” si jamais ils n’obtiennent pas le remboursement de leur séjour au terme des 18 mois.
Depuis le début de la crise, l’association UFC Que Choisir indique avoir enregistré 26 000 plaintes de voyageurs contre des agences de voyages, comparateurs et compagnies aériennes. Son directeur juridique fait savoir que
"Le client doit se sentir libre de réclamer le remboursement. Il a le droit à son argent"
femme assise sur la valise au milieu de la route
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Enfin, si vous souhaitez utiliser votre avoir au-delà des 18 mois au lieu de demander le remboursement de votre séjour, cela sera possible d’après Jean Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage :
“Les professionnels devraient être arrangeants. Si le client veut utiliser l'avoir au-delà du délai plutôt que de demander un remboursement, cela va dans leur intérêt”.
En attendant, vous avez toujours la possibilité d'utiliser vos avoirs dans l'un des nombreux
pays accessibles aux Français cet été.
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